Ayant traversé les siècles avec un bonheur que toutes n’ont pas connu dans la région du Nord de la France, les Archives municipales de Valenciennes présentent aujourd’hui un remarquable ensemble de sources anciennes et modernes. Il s’agit en premier lieu des actes de l’Administration municipale mais également, au fil de versements privés ou d’acquisitions, de fonds plus variés qui complètent la connaissance des activités urbaines et de la société valenciennoise, depuis la période médiévale. Ces fonds représentent aujourd’hui près de 3 500 mètres linéaires, en constant accroissement, du fait de l’activité administrative municipale. Ces sources offertes à la recherche, à l’érudition ou à la simple curiosité des lecteurs, se distinguent par la qualité ou l’originalité d’un certain nombre de séries. L’histoire médiévale L’institution urbaine de Valenciennes est millénaire. Cette organisation précoce de l’administration locale a déterminé l’activité d’un greffe échevinal consignant les faits et actes des autorités de la ville, dans le souci, en particulier, de produire les justifications utiles face aux entreprises des comtes et souverains. Il en résulte, parmi les pièces conservées depuis le XIIe siècle, une riche représentation des actes de la Ville, témoins de la vie et des jours de ses habitants.La série AA du cadre de classement concentre les actes de portée générale transmis au pouvoir municipal par les administrations centrales. Elle recouvre d’une part, l’enregistrement des franchises et privilèges, d’autre part la correspondance de la ville. Des points particuliers relatifs aux établissements ou personnes, publics ou privés peuvent s’y découvrir depuis la fin du XIIe siècle. Les Archives conservent aussi la comptabilité urbaine de 1347 à 1387 qui détaille l’objet et les personnes concernées par tout type de dépense ou recette. Ces cahiers de comptabilité sont remarquablement complétés par les Registres des choses communes de Valenciennes qui couvrent pour cette période les années 1360 à 1399 de façon continue (manuscrits 692 à 995).La série GG relative à la vie religieuse recouvre, d’une part, les bulles papales, les actes de fondations ou les autorisations épiscopales depuis le XIIe siècle, d’autre part plusieurs milliers de pièces relevant de la vie et des biens des institutions ecclésiastiques de la ville et de la région. Cette très vaste série offre un regard extrêmement varié, non seulement sur l’important groupe des gens d’Eglise, mais encore, au fil des pièces relevant de pratiques communautaires ou de gestion des propriétés, sur l’ensemble de la population.Les archives du greffe des Werps qui réalisait pour l’échevinage l’enregistrement des actes privés, apportent un tableau très détaillé du quotidien des Valenciennois. Parmi ces actes – cessions de propriété, établissements de rente, mises en gage, bornages… –, les testaments et les donations entre époux sont d’un grand intérêt pour les recherches biographiques ou sociologiques. Ces pièces de parchemin sont de surcroît complétées par une série de « bordereaux » portant l’exposé synthétique des actes passés devant les échevins dès le début du XVe siècle. Ces exemples n’excluent en rien les fonds classés dans les autres séries qui, chacune, peuvent faire valoir, par ensemble ou par pièce isolée, des sources de premier intérêt pour l’histoire médiévale. L’histoire moderne Les séries citées en exemple pour le Moyen Âge ont une importance accrue pour la période moderne. Si quelques lacunes dans la comptabilité urbaine aux XVIe et XVIIe siècles sont à déplorer, la conservation depuis le milieu du XVIIIe siècle de nombreuses pièces justificatives des comptes est exceptionnelle. Celles-ci rapportent, avec force détail, les opérations commandées par le massard, comptable du Magistrat. De la même façon, les séries GG et II/Caffiaux fournissent des documents d’autant plus riches que le souci de précision des pièces probatoires d’administration et de gestion est allé croissant avec les siècles.Sous la définition « Police, justice, procédures », la série FF abrite les registres et les dossiers constitutifs des décisions des juridictions valenciennoises. Les procédures en matières civile et criminelle, les sentences et autorisations du Magistrat sont ainsi ordonnées parmi plus de 300 registres auxquels sont associés plus de 4000 dossiers dans l’état actuel des fonds traités.La série HH, très riche pour cette période, propose les archives du contrôle de la vie économique suivant l’organisation des métiers. On y découvre, parmi les règlements de corporation et contentieux, les protagonistes de la production et du marché ou les premiers essais de prospection minière.Une mention particulière s’impose enfin pour les registres paroissiaux de la Ville. La Contre Réforme a déterminé leur tenue précoce. Ils offrent aujourd’hui des sources généalogiques à partir de 1567 pour la paroisse Saint-Nicolas, et à partir du début du XVIIe siècle pour l’ensemble de la Ville. L’histoire contemporaine Les archives de l’administration municipale ont été conservées et régulièrement classées par les archivistes qui se sont succédés depuis 1829. Elles permettent donc, de façon générale, d’aborder toute décision ou réalisation ayant relevé des compétences municipales depuis la fin du XVIIIe siècle.La sous-série 1D consacrée au Conseil municipal contient à la fois les registres des délibérations et les dossiers de séance. L’ensemble des séries (A à S puis W après 1940) recouvre les dossiers d’application des décisions et d’exercice des compétences municipales.Les différentes époques de l’histoire contemporaine française ont induit une évolution des compétences locales parfois très conjoncturelles durant la Révolution ou les guerres. La série M relative aux biens nationaux, comme la série P constituée des dossiers des biens des émigrés relèvent de ces séries particulières. Plus systématiquement, les compétences liées à la population, à la vie politique, aux finances ou aux travaux sont représentées par des ensembles qui embrassent deux siècles. A noter tout particulièrement la sous-série 1 F regroupant les recensements de la population de 1791 à 1926, la sous-série 1 H consacrée aux recrutements militaires et aux engagements volontaires de 1792 à 1928 ainsi que la sous-série 2 K avec les listes électorales de la Révolution à 1914. L’activité hospitalière Les Archives hospitalières de Valenciennes s’imposent par leur importance et leur qualité. Elles ont été versées aux Archives municipales en 1995 afin d’en garantir la conservation et d’en permettre la communication.Les fonds hospitaliers recouvrent sept siècles d’exercice de l’assistance sous le contrôle des autorités publiques, avec le concours d’organisations charitables et en étroite relation avec le monde de la cité. L’ensemble documentaire est exceptionnel, depuis les actes de fondation tels que celui de l’Hôtel Dieu à l’initiative de Jacqueline de Bavière en 1431, jusqu’aux séries d’enregistrement des abandons d’enfants : les séries sont continues de 1250 à 1960. Les séries comptables comme les actes individuels de donation, les dossiers personnels de la population assistée, les directives générales ou particulières des administrations centrales complètent, pour la vie quotidienne des Valenciennois du Moyen Âge à nos jours, les fonds publics déjà évoqués. Ces archives représentent plus de 80 mètres linéaires, dont 40 pour les périodes médiévale et moderne, organisées par établissement. La vie artistique Les arts revêtent une importance particulière au sein des archives de « l’Athènes du Nord ». Un des fonds les plus précieux qui leur soit consacré est celui des archives des Académies de peinture, sculpture et architecture de la Ville. Écoles dépendant certes des crédits municipaux, leur autonomie de fonctionnement détermina la production d’un fonds d’archives indépendant. Les chercheurs y disposent des registres d’administration, des listes nominatives d’élèves, de professeurs, comme des règles de l’enseignement au fil des années.Un fonds – de communication réservée en raison de sa fragilité – relevant directement de la production artistique, entré par achat en 1987, a à lui seul un caractère emblématique. Le fonds Jules Batigny est en effet constitué des travaux préparatoires de l’architecte, né à Valenciennes en 1836, prix de Rome en 1866, pour la restauration de l’hôtel de ville en 1867. Il contient plus de 300 pièces originales, en majeure partie des dessins et des plans.L’histoire des artistes valenciennois est enfin illustrée par un versement privé accueilli en 1996 : le fonds René Goube est constitué de dossiers et fiches biographiques des artistes natifs de Valenciennes ou y ayant exercé une activité. Ce fonds contient en outre un certain nombre de pièces originales, et il offre des relevés de sources biographiques pour plusieurs centaines de Valenciennois. La vie sociale et religieuse Une perspective originale est offerte pour l’examen de la société valenciennoise du XIXe et du début du XXe siècles par les archives de la Société des Incas de Valenciennes, organisation philanthropique et carnavalesque : on y trouve les registres d’administration et de comptes, des programmes des nombreuses initiatives festives et caritatives, une abondante correspondance engageant la mouvance libérale des notables valenciennois, de nombreux documents iconographiques.Le fonds Alexis Mathieu, légué à la Ville par l’abbé Jean Vanhove en 2006, offre quant à lui un précieux témoignage sur la vie religieuse à Valenciennes à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. Correspondant pour le journal La Croix du Nord, A. Mathieu a constitué de nombreux albums photographiques sur les événements majeurs qui ont marqué Valenciennes à cette époque tels que le couronnement de la statue de Notre-Dame du Saint-Cordon en 1897 ou le démantèlement des remparts de la ville. Cartophile consciencieux, A. Mathieu a également rassemblé une collection de cartes postales de Valenciennes et des communes de l’arrondissement : 6431 cartes, dont 1814 consacrées à Valenciennes, ont été soigneusement collectées dans un souci d’exhaustivité évident.